Dimanche 23 avril. 9h. Parking des Roches de la Moulure. Benoît nous attend depuis… ah, il a déjà fait 3 voyages. Crash-pad. Réchaud. Café. Jerrycan d’eau. Slackline. Benoît est un véritable couteau suisse. Je ne lui demanderai confirmation que le soir, pour la forme, mais je suis certain qu’il a avec lui la trousse de premiers secours évoquée lors de nos « réunions », détail que nous autres, aussi sûrement qu’il y a pensé, avons lamentablement ignoré.
On avait du reste briefé Philippe, malencontreuse victime, par deux fois déjà, des angles saillants du grès de la Moulure. Un grès bien à elle, en partie métamorphique, comme Léo, terminant tout juste sa géologie, me le confirmera dans l’après-midi, mes souvenirs de terminal commençant à dater.
Philippe se tiendrait donc à carreau, à tout le moins une partie de la journée, avant que, galvanisé par le soleil et l’ambiance qui en début d’après-midi se réchaufferait avec l’arrivée progressive des grimpeurs, il s’emploie à régler ses comptes avec quelques vieux projets. Un combat qui se clôturera au sommet des Heures bleues, une ligne majeure du secteur en 6a, torse nu et sans ecchymose. Ouf. Une performance qu’il répétera un peu plus tard, bien parti pour figurer en bonne place au « défi munster », en ajoutant à son carnet de croix Les rêveries de la Terre, un autre 6a d’égale qualité.
Ailleurs Julien et Guillaume, venus pour l’occasion depuis Senones où ils œuvrent comme nous à l’ouverture et au développement de nouveaux sites de bloc, marquent eux aussi des points. Après avoir tous deux rallié le Nord au sud en pouce-pouce, le tout en 6A+, Julien vient à bout des Rêveries de la Terre puis de Tomahawk, un autre bloc en 6a inscrit au défi.
En poursuivant sur sa lancée par la réalisation des Heures bleues puis celle de L’ivrogne et l’équilibriste, le président du club Vertical 88 remporte haut la main le premier munster du défi.
Il est 16h, près d’une trentaine de grimpeurs, pour certains néophytes, s’essaient aux différents problèmes détaillés sur le topo qui circule de main en main. Les appréhensions voire les peurs tombent. Les crash-pads rassurent, la parade met en confiance. Les visages se succèdent au sommet de la grande dalle, Laurence, Charles-François, Géraldine, Thierry, jusqu’au-boutiste, venu en vélo, Julianne et Jacob ; même les plus récalcitrants finissent par se laisser tenter par ce magnifique morceau d’escalade, ainsi de « », pour qui c’étaient les premiers pas avec des chaussons, parvenant à bout des six mètres de Mégalithe après une démonstration de courage et de sang-froid qui lui valut de repartir lui aussi avec un munster.
Personne ne s’étant inscrit en expert, les autres fromages produits par la ferme toute proche revinrent à Julianne, Léo et Pascal, ainsi qu’à Guillaume du club Vertical 88, pour leurs efforts tout du long de la journée. Le dernier revenant sans conteste à Philippe, à deux doigts du grand chelem en échouant dans Tomahawk, et qui aura fait preuve d’une combativité dont ne rougiraient pas les plus jeunes.
Nous concernant, la journée fut riche de rencontres et de partages, à l’image de ce qu’incarne la pratique du bloc. Confiance en soi, en ses pieds, liberté de mouvement, entre-aide, absence de hiérarchisation de l’espace selon le niveau, auront été évoqués et discutés à plusieurs reprises par les grimpeurs, confirmant et les bénéfices que chacun peut tirer de cette pratique et les bénéfices d’un tel type
de rassemblement.
Nous remercions donc tous ceux qui ont fait le déplacement, ainsi que tous ceux qui se sont investis de près ou de loin pour que cet événement ait lieu, avec une mention spéciale à Cédric sans qui le topo, support
nécessaire à la pérennisation du site, n’aurait jamais pu prendre forme. Quant à l’avenir nous y travaillons. Un chantier d’une autre ampleur nous occupe depuis bientôt quelques mois, où pourrait avoir lieu le second Détour des grès, auquel nous ne manquerons pas l’heure venue de vous convier.